> l'imperméabilisation des sols
L'imperméabilisation des sols continue son inexorable progression partout dans le monde et notamment dans l'Union Européenne, entraînant la disparition de milieux ouverts et compromettant de manière irréversible la fourniture de services écosystémiques indispensables. Chaque année, 12 millions d'hectares de sol sont perdus dans le monde : appauvris, stérilisés, pollués, recouverts de goudron et/ou de construction... Depuis 1992, les zones urbaines ont plus que doublé.
Les sols, dans un état critique, sont pourtant des milieux indispensables pour la biodiversité, la résiliences face aux risques naturels, les cultures et le stockage du carbone atmosphérique.
Sol artificialisé ou imperméabilisé ? Un sol est imperméabilisé ou minéralisé lorsqu'il est recouvert d'un matériau imperméable à l'eau et l'air, tel que l'asphalte ou le béton (routes, voies ferrées, parkings, constructions...) de manière irréversible. Un sol artificialisé (pelouse, gravillons, chantiers, chemin...) perd tout ou partie de ses fonctions écologiques mais de manière réversible.
L'asphalte gagne du terrain partout en France et en Europe
Chaque année, en Europe, des sols représentant une superficie plus vaste que la ville de Berlin sont perdus en raison de l'expansion urbaine et de la construction d'infrastructures de transport.
En France, en trente ans, les terres agricoles (sols cultivés et surfaces toujours en herbe) ont reculé de près de 7 %, au profit de l'urbanisation, selon l'enquête Teruti-Lucas de 2014. Résultat : 9,3 % du territoire national était artificialisé en 2016.
D'après l'expertise scientifique de l'Inra et l'Ifsttar, rendue publique le 8 décembre 2017, "près de la moitié des surfaces artificialisées entre 2006 et 2014 l'ont été pour de l'habitat, qui couvre en 2014 plus de 40 % des sols artificialisés. Le foncier économique (entreprises, entrepôts, commerces) couvre 30 % des surfaces artificialisées et entraine une augmentation des surfaces imperméabilisées plus rapide que celle des usages résidentiels. Il en est de même des surfaces artificialisées dédiées aux infrastructures de transport qui représentent également 30 % des surfaces artificialisées françaises. Il est clair que la France, comme le reste de l'Europe, est assez fortement concernée par l'accroissement continu de ses sols artificialisés", avec une tendance qui s'accélère, souligne l'expertise.
Quel est le degré d'artificialisation des sols en France ?
Estimer le nombre moyen d'augmentation des surfaces artificialisées par an en France n'est pas aisé car les estimations varient suivant les producteurs de données (Corine Land Cover, Teruti Lucas, Global Human Settlement Layer, Landstat, Safer, Cerema...) Ainsi, entre 16 000 et 84 000 hectares sont artificialisés chaque année. Selon l'Observatoire national de l'artificialisation du Cerema, sur la période 2010-2021, ont été artificialisés en moyenne 25 000 ha par an : 65 % le sont pour l'habitat et 25 % pour les activités.
Pour mieux évaluer l'artificialisation des sols, le Cerema a déployé en juillet 2019 l'Observatoire national de l'artificialisation. Il publie des données d'artificialisation calculées à partir de l'exploitation des données fiscales foncières ; il sera enrichi d'ici 2023 avec des données plus précises d'occupation du sol.
Ce sont les régions déjà très urbanisées comme l'Alsace, l'Ile-de-France et le Nord–Pas-de-Calais, qui ont connu la plus grande disparition des terres agricoles, ainsi que les Pays de la Loire, Rhône-Alpes et le littoral méditerranéen (Languedoc-Roussillon, Paca). Selon le SOeS, l'artificialisation responsable de ce phénomène peut prendre différentes formes. Ainsi, les agglomérations des régions déjà fortement urbanisées, comme l'Île-de-France ou Rhône-Alpes, poursuivent leur extension. Dans d'autres régions, c'est plutôt la nature de l'urbanisation qui explique l'importance de l'artificialisation : discontinue (Bretagne, Pays de la Loire) ou concentrée le long des axes de transport (Midi-Pyrénées).
En Ile-de-France, l'imperméabilisation des sols s'intensifie davantage chaque année. Selon l'IAU-idf, plus de 21% des sols sont déjà artificialisés, tandis que les forêts et cultures régressent (- 1 point entre 2003 et 2008). Cette tendance ne devrait pas s'inverser puisque le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF), finalement adopté par les députés le 31 mai 2011, prévoit de renforcer l'attrait de la région capitale et donc son nombre de logements, d'équipements et d'infrastructures.
Quel est le degré d'artificialisation des sols en Europe ?
Dans l'Union européenne, entre 1990 et 2000, au moins 275 hectares de sols ont été perdus chaque jour, soit 1 000 km2 par an. En 2020, environ 400 km² de sols étaient artificialisés par an. La moitié de ces sols sont recouverts de manière permanente par des couches imperméables de bâtiments, de routes et de parcs de stationnement. D'après un rapport publié fin mai 2011 par la Commission européenne cette tendance s'est ralentie et a été ramenée à 252 hectares par jour au cours de ces dernières années, mais le rythme de consommation des terres demeure préoccupant. Entre 2000 et 2006, l'augmentation moyenne des surfaces artificielles a été de 3 % dans l'UE. C'est en Irlande, à Chypre et en Espagne que cette augmentation a été la plus marquée (respectivement 14 %, 14 % et 15 %).
Selon ce rapport, de nombreuses régions d'Europe sont touchées par l'imperméabilisation croissante des sols, dont la moitié des régions des Pays-Bas, huit provinces italiennes (Vercelli, Lodi, Verona, Piacenza, Parma, Campobasso, Matera, Catanzaro), trois départements français (Vendée, Tarn-et-Garonne, Corrèze), la région de Poznan en Pologne, la Styrie occidentale en Autriche, la région estonienne de Põhja-Eesti, ainsi que la région de Jugovzhodna en Slovénie.
Quels sont les conséquences environnementales de l'artificialisation des sols ?
L'artificialisation et l'imperméabilisation des sols engendrent de graves conséquences environnementales :
elle favorise le ruissellement de l'eau le long des pentes au détriment de son infiltration, l'érosion des sols, les coulées d'eau boueuse et le risque d'inondation, comme en témoignent de nombreuses catastrophes naturelles exacerbées par l'absence de couvert végétal protecteur. Citons les inondations de 2016 et 2018 en France.
De plus, la concentration du ruissellement intensifie le transfert de sédiments chargés de contaminants des sols vers les cours d'eau (engrais azotés ou phosphatés, hydrocarbures, métaux lourds, produits phytosanitaires).
L'artificialisation des sols peut aussi provoquer un déstockage de carbone rapide et conséquent, qui contribue au changement climatique lorsque le sol n'est pas très vite couvert (végétation, revêtement).
Elle fragmente (découpe) les habitats naturels, les écosystèmes et les paysages, affectant fortement la biodiversité. Ce phénomène est particulièrement visible dans les zones d'extension périurbaine, où la construction de logements individuels de plus en plus éloignés des centres historiques urbains est extrêmement consommatrice en sols cultivés. Le mitage y est renforcé par la construction de réseaux de communication nécessaires aux trajets domicile-travail.
L'imperméabilisation des sols contribue fortement à l'îlot de chaleur urbain qui ne permet pas aux villes de se rafraîchir suffisamment la nuit.
Enfin, l'artificialisation des sols est une source de nuisances pour la population : plus on se situe en centre urbain où l'urbanisation est importante, plus les nuisances (bruit, pollution atmosphérique...) sont cumulées et concentrées.
Or, l'imperméabilisation des sols est le plus souvent irréversible et particulièrement dommageable pour les sols à grande valeur agronomique : le potentiel de production alimentaire y est perdu à jamais. Le Centre commun de recherche de la Commission européenne estime que quatre millions de tonnes de blé sont perdues chaque année du fait de l'artificialisation des sols.
S'exprimant sur le sujet, M. Janez Potočnik, membre de la Commission européenne chargé de l'environnement, a déclaré : "Certains des services fondamentaux liés aux écosystèmes sont tributaires de la qualité des sols, et sans ces derniers, la vie sur notre planète serait menacée d'extinction. Nous ne pouvons pas laisser l'imperméabilisation des sols se poursuivre. Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille mettre un terme au développement économique ou cesser de moderniser nos infrastructures, mais la démarche adoptée doit être plus durable."
Les recommandations de la Commission européenne
Ces atteintes portées aux sols ont un coût que la Commission évalue à 50 milliards d'euros par an. « La dégradation des sols nous affecte tous sur le plan économique : 54 % du coût provient d'une perte de services écosystémiques dans des domaines tels que la séquestration de carbone, le contrôle hydrologique, le cycle des nutriments, la biodiversité des sols et l'offre d'espaces de loisirs. L'autre moitié du coût provient de la réduction de la fourniture de biomasse et de matières premières par les sols, qui porte souvent préjudice aux opérateurs privés et aux propriétaires fonciers », explique la Commission européenne.
En 2006, la Commission, dans sa stratégie thématique en faveur de la protection des sols, a reconnu que la dégradation des sols, et notamment leur imperméabilisation, posait un grave problème au niveau de l'UE. 17 ans plus tard... L'Union Européenne devrait enfin légiférer en annonçant une proposition sur la santé des sols pour 2023. L'Union européenne se fixe comme objectif de mettre un terme d'ici à 2050 à l'augmentation nette de l'artificialisation. Pour y parvenir, elle prévoit que les États membres déterminent leurs propres objectifs aux niveaux national, régional et local pour 2030. - source -
D'où l'idée qui se répand dans l'"élite" : favoriser l'empilement des gens les uns au-dessus des autres dans de grandes villes et empêcher les zones pavillonnaires et les maisons individuelles,...
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