l'union européenne et la finance sont les ennemis cupides, perfides et impitoyables des peuples européens...


-> Elections européennes le 9 juin, allez voter pour contrer ceux qui vous détroussent et vous oppriment depuis des décennies sans aucun état d'âme !...

> Google, Meta, TikTok : comment les géants du numérique « militarisent » nos existences

Rédigé par webmestregg Aucun commentaire
Classé dans : autres Mots clés : aucun

          Dans « Technopolitique – Comment la technologie fait de nous des soldats », la chercheuse Asma Mhalla propose une réflexion passionnante sur l’influence politique et idéologique de plus en plus grande des géants technologiques.

          « Entités hybrides, à la fois entreprises privées, militaires et géopolitiques », les géants technologiques, en particulier aux États-Unis, s’établissent désormais comme les « bras armés technologiques de leur pays » détaille Asma Mhalla dans son passionnant essai Technopolitique – Comment la technologie fait de nous des soldats (ed. Le Seuil). La chercheuse au Laboratoire d’anthropologie politique de l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) développe une réflexion stimulante sur l’influence économique, militaire, politique et géopolitique grandissante de ces « BigTech » et de leurs liens de plus en plus étroits avec les États.

          En témoigne le « rôle de premier plan » joué par Starlink, Microsoft ou Amazon dans la guerre en Ukraine : ces entreprises ont respectivement fourni des informations sur une cyberattaque russe, des serveurs portables et des satellites en orbite basse au gouvernement ukrainien. De quoi « laisser entrevoir la naissance possible d’un complexe techno-militaire américain » et, plus généralement, témoigner d’une « redéfini[tion] en profondeur de la morphologie de cette construction collective qu’on appelle État ». Sous la plume d’Asma Mhalla, l’État devient le « BigState », acteur omnipotent qui peut « être autoritaire et libéral à la fois ».

          Afin de naviguer dans ce sujet aux ramifications infinies, la professeure à l’université Columbia de New York et à Sciences Po propose aux lecteurs de découvrir le champ de la « technopolitique », une « multidiscipline au croisement de l’économie et du droit, de la philosophie et de la théorie politique, des relations internationales et de l’histoire, du cyber et de la tech ». L’idée : poursuivre et actualiser à l’aune des évolutions propres au XXIe siècle le travail technocritique – à ne pas confondre avec de la technophobie, précise-t-elle – de penseurs tels que Jacques Ellul, George Orwell ou Georges Bernanos, auteurs qu’elle cite à plusieurs reprises au fil des pages.

Des outils « loin d’être neutres idéologiquement »

          TikTok accusé d’espionner ses utilisateurs, « industrialisation » des luttes informationnelles, réseaux sociaux utilisés comme espaces publics d’influence par les magnats, sortes de « techno-tycoons » qui en sont propriétaires, « nouvelles conflictualités cyber et néoguerres augmentées d’intelligence artificielle »... Pour l’autrice, il est urgent de se saisir radicalement de ces enjeux, bien au-delà des timides tentatives de modération et de « colmatage juridique » des « BigTech » mises en œuvre en Europe.

          Loin d’être des outils neutres idéologiquement, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle et les algorithmes développés par Google, Meta ou encore Palantir (une entreprise spécialisée dans l’analyse et la science des données) refaçonnent — et privatisent — nos vies intimes et nos sociétés pour agir « comme des agents perturbateurs de la démocratie ». D’abord en ayant tendance à véhiculer, volontairement ou non, une idéologie d’extrême droite et conspirationniste – le cas d’Elon Musk, propriétaire de X (ex-Twitter), est paroxystique en la matière. Mais aussi, et le sujet n’en est pas moins inquiétant, en agissant « comme amplificateurs d’une forme de paranoïa d’État techno-sécuritaire » : dispositifs de technosurveillance de la population, logiciels biométriques, captation massive de données…

          Prenant l’exemple de la France et de la multiplication des lois sécuritaires depuis les attentats de 2015 (loi « Sécurité globale » en 2021, surveillance et fichage massif de militants politiques et écologistes), Asma Mhalla note que dans ce « nouveau régime de vérité », « chaque individu est par défaut potentiellement coupable jusqu’à preuve du contraire, justifiant par là même une surveillance généralisée ». Le tout participe, par ricochet, à « l’intériorisation de la norme sécuritaire » par chaque individu, les citoyens se retrouvant à évoluer dans ce que le philosophe Gilles Deleuze « prophétisait comme les “sociétés de contrôle" ».

Ne pas « passer à côté de notre époque »

          Une fois ce constat posé, que faire ? Selon Asma Mhalla, pour échapper au « technototalitarisme » qui pourrait émerger de ce chaos, il est grand temps que nous « produisions une nouvelle vision du monde ». « Charge au politique de se préparer et de préparer la société à ces mutations, d’éviter la prochaine grande crise structurelle pour cause d’impréparation et de manque d’anticipation », sans quoi « nous passerons à côté de notre époque ».

          D’autant qu’en plus de « militariser les démocraties », les nouvelles technologies s’attaquent désormais à un « ultime champ de bataille » : celui de nos cerveaux. Glissées directement dans nos poches, les technologies civiles que sont nos téléphones portables se transforment peu à peu en « armes de guerre en puissance ». « Dans ce champ déjà fort sensible des manipulations (géo)politiques, la troisième vague à venir est celle de la guerre cognitive. Son objectif est de remonter d’un cran la chaîne de valeur en ciblant l’amont, à savoir les conditions mentales de réception des contenus », écrit la chercheuse, soulignant comment les réseaux sociaux créent « une accoutumance ludique » avant de « glisser progressivement vers des usages militaires et sécuritaires ».

          « Les app [applications] des médias sociaux permettent de programmer et de modéliser à volonté la saturation cognitive de la cible, l’alternance subreptice de messages anodins et politiques de façon quasi subliminale, le filtrage de certains contenus ou la surexposition d’autres avec, en ligne de mire, l’altération très progressive des capacités cognitives d’une part, celle de la construction des représentations d’autre part », ajoute-t-elle.

« Les instances de régulation existantes paraissent obsolètes et peu créatives »

          Pour Asma Mhalla, nous voilà donc, à notre corps défendant, devenus des « soldats », qu’il s’agit, pour chaque nation, « d’armer cognitivement » : « Il ne s’agit pas d’embrigader ou d’armer physiquement les citoyens, ni d’ériger l’armée à la tête de l’État ou d’enrôler qui que ce soit, mais de politiser cette militarisation en nommant explicitement la menace et en donnant des armes nouvelles aux citoyens soldats de l’information et de la cognition. » Selon la chercheuse, l’école, « en préparant les générations à venir aux enjeux technopolitiques », pourrait avoir un rôle précieux en ce sens. « Bien des philosophes l’ont dit avant moi : ne pas maîtriser la technique moderne, c’est s’assurer d’en devenir l’esclave. Observer, comprendre et “apprendre à apprendre” sont les seules conditions pour ne pas être étranger à son monde », développe-t-elle, plaidant en outre pour une nouvelle forme de cogouvernance.

          Au couple « BigTech » /« BigStates », l’enseignante propose ainsi d’ajouter le « BigCitizen », ou, pour le dire plus simplement, de redonner du pouvoir décisionnaire aux citoyens afin de contrer ce capitalisme de surveillance. « La cogouvernance permet de mettre sur pied de nouveaux mécanismes de contrôle institutionnel à un moment où les instances de régulation existantes paraissent de plus en plus obsolètes et globalement peu créatives », explique-t-elle. Pour Asma Mhalla, qui tâche de ne pas céder à la fatalité de « ceux qui agitent les épouvantails apocalyptiques », cette idée de cogouvernance pourrait en outre « nous aider à répondre plus sérieusement à la grande question restée en suspens » : la technologie, pour quoi faire ? - source -

Excellent article...